L’écriture d’Hubert Renotte présente une symbiose souvent heureuse du style français, noble et très orné, avec la vivacité des œuvres italiennes. Renotte excelle particulièrement dans les rondeaux à la française : tendres, sans mièvrerie, ils possèdent souvent un charme et une grâce irrésistibles. L’allegro rondeau en sol à 3/8 est un modèle du genre et va jusqu’à évoquer les Roseaux du grand Couperin.
La Suite n°4 en fa mineur de Dieudonné Raick se rapproche nettement par la forme interne et externe de la sonate italienne à trois mouvements de coupe quasi ternaire : andate – grazioso – vivace. Mais par le contenu émotionnel, elle vogue dans le sillage des sonates « sentimentales » de C.P.E. Bach. L’andante initial est d’ailleurs l’une des plus étonnantes compositions de Raick : d’un pathétisme déchiré, il se meut dans un chromatisme exacerbé et est quasiment dépourvu de thème ; quelques motifs qui l’animent ne sont en fait que des résultantes de marches harmoniques recherchées, de sorte que l’on croit se trouver en présence d’une mélodie presqu’infinie, sans contour précis et extrêmement mouvante qui semble à l’affût de tournures chromatiques et de dissonances expressives.